Je vais commencer à perdre patience. J'en suis à la troisième rédaction de Verbier dans la neige. L'application a des bugs qui m'empêche de sauvegarder mon texte. Je dois donc le rédiger d'un seul trait, et le temps manque. C'est plus facile de faire la rédaction par petit bout. Alors, allons-y pour une troisième fois, en espérant que ce sera la bonne. D'ailleurs, pourquoi Apple n'ajoute pas le bouton Undo sur ses App. Voici donc Verbier dans la neige.
Gros contraste comparativement au lever d'hier matin. Le soleil se pointe le nez et la température variera entre 3C au sommet à 3330m jusqu'à 18C dans la vallée.
Ce matin, je décide d'aller jouer dans la neige. Direction du Mont Fort à 3330m d'altitude. De ce point, impossible de commencer la descendre en vélo, il y a encore trop de neige. Je prends donc la télécabine entre Le Châble et Les Ruinettes à 2200m. Je peux enfin voir les sommets à l'horizon en montant et j'ai maintenant une vue sur Verbier.
À partir de ce point, je roule en direction de La Chaux à 2260m pour rejoindre un premier téléphérique qui monte au col des Gentianes. À ma droite, la vallée de Bagnes défile 1300m plus bas. Le grand Combin est maintenant visible et malgré cette vue grandiose, je roule sans faire d'arrêts photos. Le Mont Blanc quant à lui, est dans les nuages.
Le téléphérique monte aux 30 minutes et j'ai le temps d'attendre. Je demande à l'opérateur si le col des Gentianes est ouvert, donc libre de neige. Il me répond qu'il est accessible mais pas en vélo de montagne. Il y a encore beaucoup de neige. Les risques d'avalanches sont toujours présents, mais en montant en téléphérique, je pourrais juger si je le descends ou pas.
Le sommet du Col des Gentianes à 2870m est accessible en moins de 10min. En montant, le col semble facile à descendre même avec cette neige. Je vois qu'il est aussi possible de couper sur la section skiable déjà dégagée de neige. La section du haut n'est pas visible du téléphérique, donc impossible d'évaluer.
Une fois rendu à la station des Gentianes, je sécurise mon vélo et je n'ai que 3min pour courir jusqu'à l'autre téléphérique qui monte au Mont Fort. En montant, je vois deux skieurs qui montent la pente abrupte au sommet du Mont Fort. Je questionne l'opérateur, et il me répond qu'il est interdit d'y skier. Il faut des permis spéciaux, et connaitre la haute montagne, ses glaciers et les crevasses. Il s'agit effectivement de deux instructeurs qui s’entraînent. Sur la photo, on voit le second en descente et les traces des éboulis de roches sont très visibles. Par rapport au skieur, les roches sont imposantes.
Une fois au sommet du Mont-Fort à 3330m. Il n'y a pas grand-chose à faire si ce n'est que de manger la fondue au fromage la plus haute d'Europe, prendre quelques photos, et gravir le point 360 degrés d'une dizaine de mètres de plus. C'est très accidenté et il faut se tenir fermement sur les cordages, surtout avec des souliers munis de cales.
Vous vous souvenez qu'en 2015, je vous parlais que certains glaciers étaient protégés en été pour éviter la fonte. Ici, la neige au sommet est protégée d'une bâche blanche pour éviter que la neige ne fonde. Puisqu'il est impossible de monter de la neige à cette hauteur en hiver pour assurer le départ des pentes de ski, il faut donc protéger celle qui reste.
Je prends donc le départ de la prochaine descente. Les nuages couvrent déjà le sommet et ce sera pareil au col de Gentianes. En descendant, il y a une petite cabane de montagne à mi-chemin, accessible qu'en ski l'hiver.
Une fois au Col des Gentianes, les nuages recouvriront le secteur pendant une vingtaine de minutes. J'évalue la situation en mangeant un sandwich. En montant en téléphérique, ça ne semblait pas si enneigé. Une fois en haut, il y a quand même beaucoup de neige, mais c'est tellement grand, que j'ai l'impression qu'il y en a moins que réellement.
Je me lance dans la descente, prudemment et sur mes gardes. Il y a déjà deux traces de vélos qui sont passés avant moi. Donc ça doit se faire. Les 350 premiers mètres de dénivelé sont enneigés. Impossible de rouler sur la neige, la pente est très pentue. Il faut donc marcher à côté du vélo pour les sections enneigées et prendre solidement encrage dans la neige pour ne pas glisser. Les sections roulantes et déneigées ont été rouler sur le vélo naturellement. Le tout est enregistré sur ma GoPro, à visionner à mon retour.
Il faut savoir qu'il y a toujours des risques d'avalanches, des risques d'éboulis, et le moins visible, des risques de crevasses. Les crevasses se forment à la fonte. Il se crée des vides par l'eau et lorsque l'on marche par-dessus, il est possible de tomber dedans. Puisque je roulais en solo aujourd'hui, j'ai averti l'hôtel de mon tracé. Si je ne suis pas de retour au souper à 20h, les secouristes seront à ma recherche.
Je me fie donc à mon GPS pour être sûr d'être toujours sur le tracé du col des Gentianes. C'est plus rassurant que d'être dans le vide lorsque ce dernier est comblé par la neige.