21 juillet 2018

Une journée à Genève

Dernier jour à Genève avant le retour à la maison. Il annonce des averses ce matin, alors en sortant de l'hôtel, je me dirige vers le musée de Patek Philippe à 20min. 


Il en coûte 10CHF pour faire le tour des quatre planchers. Il faut laisser caméras, sacs et cellulaire dans un cassier. Il fait très chaud et humide dans le musée, ce n'est pas climatisé. Au premier plancher, il y a toutes les anciennes tables de travail et outils qui ont plus de 150 ans. Au second niveau, montres et bijoux de 1839 à 2000, au troisième niveau, les montres et bijoux de 1500 à 1838 et au dernier niveau, la bibliothèque. 

C'est en redescendant au deuxième niveau que je croise un gardien de sécurité. Je lui demande où je peux voir la montre qui a souligné le 175e anniversaire de Patek Philippe en 2015. La montre la plus compliquée au musée est la Calibre 89, créée en 1989 pour souligner le 150e anniversaire de Patek Philippe. La Calibre 89 une montre de poche de 33 complications, vendu à 21M€ aux enchères en 2014. Il n'y a pas la Grandmaster Chime (qui est la montre bracelet la plus compliquée au monde avec 20 complications), une montre fabriquée en 7 exemplaires pour souligner le 175e anniversaire de Patek Philippe, dont le premier est réservé pour le musée. Les 6 autres étant déjà vendu avant même d'être produit, le premier exemplaire est toujours à la boutique sur rue du Rhône dans le coffre- fort. Je lui dis que je suis venu du Canada que pour voir cette merveille de l'horlogerie qui était annoncée pour le musée. Il me propose de me rendre en boutique et de demander. 

J'en profite pour lui demander combien il y a de montres au musée, plus de 2300 montres toutes uniques et toutes en or et pierres précisées. Je demande si la maison Patek Philippe est le propriétaire du musée. En fait, c'est Philippe Stern qui a fondé le musée. Il rachète toutes les montres qu'il trouve dans les enchères à travers le monde. M. Stern est également le propriétaire de la maison Patek Philippe. 

Le musée présente des pièces inestimables ayant appartenus à la royauté de partout dans le monde. Reine Victoria, Duc de Montpensier, Louise et Christian IX du Danemark, le roi d'Espagne, le roi de Turquie (et j'en passe) ont tous eu une Patek Philippe qui se retrouve maintenant au musée. C'est fascinant de voir l'ingéniosité des différents mouvements qui ont été créé depuis plus de 500 ans et l'art derrière chaque création unique. Toutes les montres au musée sont fonctionnelles. 

Après cette visite instructive, je me dirige vers la boutique rue du Rhône en faisant du tourisme. Il est 11h30 et les rues sont désertes.





Bon, pour commencer, je suis en bermudas et en t-shirt Icebreaker. Il fait un 30C et c'est très humide. Donc ne pensez pas que je visite Genève en habit cravate. Toujours est-il que je me présente en touriste avec mon sac à dos à la porte. Je n'ai pas d'attente si ce n'est qu'ils vont me dire non. 

En me présentant devant la porte, le portier m'ouvre. Une dame qui s'occupe de recevoir tous les clients vient me voir. Elle m'offre à boire. Je comprends qu'ici comme chez Ferrari à Sion, l'habit ne fait pas le moine. Elle me propose de me présenter à un représentant qui s'occupera de moi et de me montrer la nouvelle collection des montres que je pourrais acheter. Je lui dis immédiatement que je ne suis pas venu pour acheter, mais que j'étais passé au Musée pour voir la GrandMaster Chime sous coupole et qu'elle n'y était pas. Vous êtes canadien? Oui, et je suis allé au musée que pour voir cette pièce impressionnante. Vous êtes un connaisseur, non, mais j'aime bien la mécanique de l'horlogerie (comme la mécanique automobile), et cette montre est la Ferrari des montres Suisse.

Elle me demande de patienter un moment. Bon, mon chat est mort. Elle revient en me disant que ce sera un grand horloger qui s'occupera de moi. Ah bon, alors j'attends le temps qu'il faudra. Elle m'ouvre l'ascenseur sécurisé et me demande de monter au premier, un grand horloger viendra me voir. 

Arrivé au premier, M. Clavel vient à ma rencontre. Il me demande qu'est-ce qu'il peut faire pour moi. Je lui dis que j'ai visité le musée plus tôt ce matin et que j'étais surpris et déçu de ne pas avoir vu la GrandMaster Chime. Il me dit qu'elle est toujours en boutique dans le coffre-fort, et qu'elle sera transféré bientôt au musée. Le musée présente les montres jusqu'en 2000, il faut donc attendre qu'un nouveau plancher soit aménagé pour accueillir les pièces à partir de 2001. Logique. Je lui dis que je suis simplement curieux de la voir sous coupole, rien de plus et je disparais dans deux minutes. Il me répond, je suis à votre service et il prendra le temps qu'il faudra. Inutile de rappeler que je ne suis pas client ici. L'échelle de prix des montres varie de 23 500 CHF à 3M€.

J'étais un peu gêné, mais il faut croire que l'argent n'a pas d'habit spécifique ici. D'entrée de jeux, il me montre sous verre sécurisé une montre en or blanc basée sur le même mouvement mais plus abordable, c'est relatif. La GrandMaster Chime se vendait 3M€ en 2015. Celle devant moi est moitié prix. Une aubaine, et elle n'est pas fabriquée en quantité limité, mais sur demande.


M. Clavel disparait et revient avec la GrandMaster Chime. Je suis surpris. Il la manipule comme je le ferai avec une montre à 15$. Mon premier réflexe est de penser que c'est une réplique que pour les démos, mais il s'agit bien de la première fabriquée. Je lui demande si c'est un bijou fragile. Il me répond que non, une montre est faite pour être portée et utilisée, vrai, mais à 3M€... 

M. Clavel prendra plus d'une heure avec moi pour m'expliquer toutes les complications. Elle en a 20. Qu'est-ce qu'une complication en horlogerie, c'est en quelques sortes les options ajoutées à un mécanisme mécanique. Une montre mécanique normale indique l'heure. Si vous ajoutez la date et le jour, c’est deux complications. Un chronographe, une autre, et ainsi de suite. Bon je sais que certains vont dire que leur iMontre peut avoir plus d'une centaine de milliers d'App, mais ici je parle de vraies montres, pas de gadgets électroniques qui meurent après 2 ou 3 ans. Il y a des montres au musée qui fonctionnent toujours après 500 ans. La GrandMaster Chime a un calendrier perpétuel avec année bissextile qui va jusqu'au 31 décembre 9999. On l'ajuste qu'à l'achat et c'est parti jusqu'en 9999. Il y aura plusieurs centaines de descendant qui pourront l'utiliser. 

Voir le petit vidéo que j'avais ajouté en 2015. 


Avec réserve, je lui demande si je peux prendre une photo, oui, prenez-la des deux côtés. Voici donc l'exemplaire numéro 1 de la GrandMaster Chime. Je n'ai pas osé demander de la prendre à mon poignet, bien qu'il aurait certainement dit oui. Je peux maintenant dire que j'ai non seulement vu la montre la plus compliquée au monde et aussi la plus chère au monde, mais je l'ai eu aussi entre mes mains.



Bon, je m'arrête ici puisque je pourrais décrire toute l'heure et demie passée en boutique. On en reparlera à mon retour. Après, on redescend au premier niveau et M. Clavel me montre toutes les montres de la collection courante. Il sait déjà que mon budget n'est pas à la hauteur, mais il apprécie présenter chacune des pièces et leurs complications. C'est son métier.

L'heure du lunch a sonné. Je prendrai l'après-midi pour flâner dans Genève, le vieux Genève et le bord de l'eau pour poursuivre l'écriture. Je croise Dre Joanne Liu sur le pont du Mont-Blanc, elle fait son jogging. 




















En soirée, je vais manger, comme à toutes mes visites à Genève au Relais de l'Entrecôte, 5 fois mieux qu'au Café de Paris, et 3 fois mieux qu'à l'Entrecôte St-Jean à Montréal. L'original peut difficilement être imité. Je serai servi par la même jolie serveuse depuis 2012. Le menu est simple, entrecôte et frites. Elle me demande que la cuisson, et le reste suivra: salade verte avec noix de Grenoble, entrecôte dans la sauce du Relais et frites. 50CHF, sans vin ni désert. Un vrai délice. 



En soirée, retour à l'hôtel et finalisation du bagage pour le retour demain.