La nuit a été difficile. Je me suis couché hier soir vers 10h30 et à 2h30, je ne dormais plus. Le bruit de la forte pluie combinée au torrent d'eau dans la rivière au pied de ma fenêtre de chambre m'ont tenu réveillé jusqu'à 5h00. Il pleut ici depuis 3 jours. Je devais laisser la fenêtre ouverte pour aérer puisqu'il faisait chaud et humide dans la chambre bien que très frais dehors.
Au réveil, j'avais les deux yeux dans le même trou. Le déjeuner n'est servi qu'à 8h00 et il ne reste plus rien 30 minutes plus tard. L'hôtel ne reçoit que des vététistes de partout dans le monde, et les jeunes mangent comme des ours affamés. Il y a des hollandais, des néerlandais, deux californiens, un suédois, un couple des Pays Bas, deux anglaises et un canadien.
Deux groupes décident de sortir rouler même par cette pluie qui ne cesse. Le premier ira rouler des sentiers très accidentés du côté sud de Verbier autour de la pointe de Sesal. L'accès jusqu'à Moay se fera en autobus. Le second groupe partira vers les hauteurs de Verbier pour descendre vers la vallée du Rhône via des sentiers intermédiaires et chemins de montagne. Quatre personnes décideront de demeurer à l'hôtel par cette pluie.
J'ai donc trois options, et je dois faire vite. Primo, demeurer au chaud. Secondo partir plus tard en solo, et finalement, joindre l'un des deux groupes. L'option #3 est retenue et je n'ai que 5min pour me préparer. Puisqu'au réveil, je voulais me recoucher un peu après le déjeuner et partir plus tard, je quitte trop vite en tenue légère, cuissard, short de MTB, t-shirt Icebreaker, et veste de pluie.
J'ignore où va le groupe, mais je suis. Je roulerais donc avec trois Hollandais. On quitte sous la pluie battante pour rejoindre la télécabine qui fera le lien entre Le Châble et Verbier, pour transférer sur celui de Verbier à Les Ruinettes. Dans la télécabine, l'un m'informe qu'il ne fera pas plus de 5C. Oups, avoir su, j'aurais amené mon kit de ski de fond qui est resté à ma chambre. Nous sommes tous partis dans un kit d'été, mais les autres avaient des vêtements chauds et des vêtements de pluies dans leur sac à dos. Maintenant, je comprends pourquoi ils avaient d'aussi gros sac. J'arrive du Canada, donc je suis habitué au froid glacial. Dans la télécabine, l'un me dit qu'à Verbier, les températures les plus froides en hiver ne descendent pas plus que -18C, et c'est très rare. Je lui dis qu'au Québec, les plus braves font du ski par grands vents à -30 et -35C. C'est du ski de printemps tout l'hiver ici. Wow!
À partir des Ruinettes, direction Croix de Coeur à 2174m. Après un kilomètre, je n'ai pas assez de vitesse pour passer un petit torrent d'eau, et en pédalant, les deux pieds prennent l'eau glaciale qui descend des glaciers plus haut. J'aurais les pieds mouillés tout l'avant midi. Une fois au col de Croix de Coeur, arrêt au spot photo de Verbier. On peut y voir 700m plus bas Verbier, à l'horizon le Mont Blanc et le Grand Combin. Oups, hélas on n'y voit rien à plus de 10 mètres. Ce sera pour une prochaine fois.
Une fois le col passé, il faut encore monter plus haut pour rejoindre un sentier de randonneurs qui descend vers La Tzoumaz à 1500m. Il n'y a pas que la pluie qui rend les obstacles (roches, racines, ponts de bois) glissants, mais la bouse de vache aussi. Il y en a partout. La boue qui nous remonte dans la figure n'est pas de la terre, mais du fumier fraîchement déposé sur les sentiers, encore chaud et visqueux. Ça ajoute un petit parfum de la montagne Suisse.
En descendant toujours vers La Tzoumaz, petit détour dans un sentier réservé qu'aux randonneurs. Ce sentier suit une ancienne canalisation d’irrigation construite il y a plus de 300 ans. Ce canal récupère les eaux des glaciers et la redistribue vers les hameaux pour abreuver les bêtes. Nous sommes à plus de 1650m. Celui à Verbier est à 2180m.
Par ce temps pluvieux, il y a aucun randonneur sur les sentiers. Plus loin, le sentier est sectionné en deux par un éboulement, il faut donc faire demi-tour.
Un peu avant La Tzoumaz, on bifurque vers l'ouest vers L'Arbarey à 1120m et la descente se fait par un chemin forestier. De temps en temps, on peut voir la vallée du Rhône beaucoup plus bas que j'ai roulé en 2012.
Avant d'entrer dans le village, on entame l'ascension du Col du Lein à 1658m. Pour rejoindre le prochain sentier de randonneurs, il faut prendre la route sur 3km. Ça grimpe fort, mais une fois dans le sentier, il faut prendre quelques pauses, il y a des pentes ascendantes jusqu'à 28%.
Arrivé à moins de 100m de dénivelé de ce deuxième col, la forêt laisse sa place à une grande clairière parsemée de mélèzes. Il ne manque que le soleil pour rendre l'endroit magnifique.
Une fois au col du Lein, pause dans une petite fermette qui fabrique du fromage artisanal. Les trois hollandais prendront chacun deux expressos, et le canadien prendra un fondant au chocolat.
La route se poursuit sous une pluie fine et sous la brume. Direction Col des Planches à 1411m par une longue descente, et avant de reprendre la montée, changement de cap vers le Col du Tronc à 1606m. Pour la petite histoire, en 2012 j'avais ajouté le col des Planches sur mon itinéraire, mais en quittant Sion, l'aubergiste m'avait informé que ce col n'est qu'en gravillon, pas très pratique en vélo de route. J'avais soustrait ce détour.
Ce col est la dernière ascension de la journée, c'est ce que je pensais. Maintenant, c'est la longue descente vers l'hôtel. Eh bien, même en descente, il faut monter. Les sentiers seront donc en montagnes russes jusqu'à l'arrivée.
Direction Le Levron à 1301m. Avec la brume qui nous entoure, il peut être difficile de voir les fils électrifiés qui délimitent le territoire des bêtes. Régulièrement, le premier ouvre le sentier aux trois autres et on alterne. Dans une descente au travers d'un champ, ce qui devait arriver arriva. Un hollandais n'a pas vu le fil et ce fut la chute. Rien de grave, il y avait du foin pour adoucir la chute. Une chance que ce ne fut pas dans l'un des sentiers rocheux.
Arrivé à une intersection, la clochette d'un des hollandais se fait entendre. Tout d'un coup, les cloches des vaches, que l'on ne voyait pas dans la montagne, se mirent à sonner également. Les vaches ont laissé leur pâturage pour descendre voir ce que se passait. Probablement qu'elles pensaient y trouver le chien qui rassemble le troupeau, hélas. Ce n'était que quatre vététistes. Elles se sont toutes bousculées derrière le fil électrifié pour nous observer. Moment cocasse.
Avant de rejoindre l'hôtel, je fais une petite visite du village pour voir ces anciennes maisons typiques du valais.
Retour à l'hôtel après quelques 50km sous la pluie, brume et pluie fine. Belle première sortie même par ce temps très humide. Au souper, vin de circonstance, Cono Sur Bicicleta.
Demain, je m'improvise une sortie dans la neige.