10 juillet 2018

Dans les hauteurs de Chamonix

Ce matin il annonce très beau dans la vallée de Chamonix. Je décide donc de descendre à la gare de train pour me rendre de l'autre côté de la frontière et aller rouler dans les hauteurs de Chamonix. Le trajet se fait en 1h48, précision suisse, qui inclus une attente de 20min à la gare de Martigny pour transférer dans le train traversant en France. 


Pour éviter de faire un trajet en bus du côté français en débutant à Le Tour, j'opte pour débuter à Vallorcine à 1260m. Le parcourt en train entre Martigny (465m) et Vallorcine est impressionnant. Le train avale à une vitesse folle les dénivelés en serpentant dans la montagne au bord du précipice dans la vallée du Trient. 

À la hauteur de Le Châtelard, j'hésite de descendre. De ce point, il est possible de joindre le barrage d'Émosson à 1920m par deux funiculaires et un petit train. Je pensais bien y monter, mais pour le plaisir de rouler, il faut redescendre en vélo, et sur la route asphaltée, c'est moins intéressant en vélo de montagne.

Je demeure donc dans le train pour descendre à Vallorcine. De la station de train, une télécabine monte jusqu'à 1828m. De ce point commence réellement la route en vélo. Je monte donc vers le col des Posettes à 1997m pour basculer dans la vallée de Chamonix. Mon objectif est de monter jusqu'au col de Balme à 2204m. Mais avant de monter, je prends une pause devant l'immense Mont Blanc. 



Il fait déjà 27C à cette hauteur. Je monte vers les Chalets de Balme pour un meilleur angle et ayant personne pour me prendre en photo, je sors mon drone. Je réalise qu'en changeant de sac à dos ce matin, j'ai oublié de mettre mon support pour la GoPro. Malheur, je ne pourrais pas filmer ce qui deviendra le plus beau sentier roulé depuis mon arrivée. 





Je repars donc avec mon petit bonheur et je descends vers Chalets de Charamillon à 1912m pour faire le plein d'énergie. Il est déjà passé midi. 


De ce point, il y a l'arrivée du télésiège en provenance de Le Tour (1458m) et le départ vers Les Grandes Otanes à 2193m. C'est également l'un des seuls endroits qui offre la restauration.

Après le plein d'énergie, j'opte pour le télésiège qui monte plus haut. Un sentier permet de relier le col de Balme (2204m) sans trop d'effort. Ce col est également la frontière entre la France et la Suisse. Autrefois, ce col servait de point de passage aux contrebandiers. 



J'avais préalablement planifié ma descente vers Trient pour ensuite remonter le col de la Forclaz par un sentier de randonnée qui descend au pied du glacier du Trient à 1397m. 

Mais au sommet du col, je croise un vététiste. Il est anglais et il s'apprête à descendre vers Trient. Toutefois, il me propose de le suivre sur un autre sentier. Celui-ci fait le tour du sommet de Croix de Fer, donne une très belle vue sur Émosson, avant de redescendre vers Trient. À l'hôtel ce matin, le propriétaire m'avait indiqué ce sentier pour le paysage, mais il est coté Diamant noir, ce qui n'est pas pour moi. Je roule en solo, faut-il rappeler. 

Toujours est-il qu'Alain, notre anglais, me demande si je suis capable de descendre dans un sentier très accidenté, pentu, et rocheux. Je lui dis qu'au pire, j'en ferai des bouts à pied. Le choix est simple, vaut mieux être deux que rouler seul. Il n'y a aucun signal cellulaire, donc mal prit, je ne peux pas appeler de secours. 

Donc, il me pointe le sentier qui va vers Émosson. 


Je regarde à nouveau du côté de Martigny que je pensais descendre, et je décide de suivre Alain en lui disant que je risque de le retarder. Il me répond que c'est plus prudent autant pour moi que pour lui.


Donc, je débute l'ascension derrière lui. Le début est très roulant et donne un meilleur pour de vue sur la vallée plus bas ainsi que sur le massif du Mont Blanc. À la vitesse d'Alain, ce n'est pas long que le Mont Blanc disparaît derrière nous. 


Une fois du côté qui donne sur Émosson, la vue est magnifique sur les montagnes, le barrage et la vallée. À certains endroits, il ne faut pas regarder en bas. Le précipice est vertigineux, et en vélo, vaut mieux rester concentré sur l'étroit sentier qui défile devant. Il s'agit d'un sentier de randonnée en altitude avec tous ses obstacles, pas d'une route asphaltée. 


Après ce long plateau, la descente technique commence. Il faut zigzaguer pour rejoindre 200m plus bas un ferme et remonter derrière un dénivelé de 100m pour rouler sur un autre plateau avant de redescendre plus de 900m dans un sentier tortueux, très technique et vertigineux par endroit. Lors de la pause après l'ascension, Alain me raconte qu'il vient en Suisse depuis 20 ans pour soit faire du ski en hiver, soit du MTB en été. Il connait pas mal chaque sentier, et il m'a donc, et heureusement, servi de guide sur ce sentier pour expert. 






Le sentier se poursuit sur un autre plateau, et à certains endroits encore, il ne faut pas regarder en bas. Alain me le rappelle à quelques reprises. C'est vertigineux et je n'ai pas de parachute dans mon sac. 



À plusieurs endroits, il y a des passages sur la neige. Il me prévient de ne pas s'attarder, il pourrait y avoir des glissements en raison de la fonte, comme il pourrait y avoir des crevasses. Je suis donc toutes les indications de mon guide. 



On quitte maintenant la vallée du côté d'Émosson pour la vallée du Trient. On voit maintenant ce qu'il reste du glacier. De ce point, commence la descente de 900m sur plusieurs kilomètres. Le sentier est tellement pentu que je dois prendre des pauses pour reposer mes mains. On force beaucoup sur les freins pour garder le contrôle de la descente. 



Le sentier est soudainement barré à mi-chemin. Un éboulement. Pas question de remonter. Il faut prendre un sentier nouvellement aménagé pour poursuivre notre route. Le hic, c'est qu'il n'est vraiment pas aménagé pour le passage en vélo. Il faudra sur une bonne distance marcher soit à côté du vélo, soit le porter, et c'est très abrupt.  


En arrivant au pied de la descente un peu avant Trient, nous partons chacun de notre côté. Lui il retourne sur Chamonix, moi sur Verbier. De Trient (1281m), je dois monter au col de la Forclaz pour basculer dans la vallée de Martigny. Il y a la version facile par la route, et la version difficile par un sentier. J'opte pour l'option difficile. En débutant ma montée, deux femmes descendent. Je demande combien de temps pour joindre le col. Surprise, il s'agit de deux femmes de Montréal. Je reprends mon souffle et on échange sur nos aventures. Elles font le tour du Mont Blanc en randonnée. Après notre pause, on reprend nos chemins respectifs. Je vais mettre moins de 30min pour joindre le sommet par un sentier avec des pentes entre 12 et 22%. Ça monte. Rendu au col, je n'ai plus d'eau, je m'arrête au restaurant pour faire le plein. 

Pour la petite histoire, c'est la deuxième fois que je monte ici en vélo. En 2012 sous la pluie en vélo de route. L'ascension à partir de Martigny est de plus de 1062m de dénivelé par la route alors que la montée d'aujourd'hui en vélo de montagne n'a été que de 254m par les sentiers à partir de Trient.


À la différence de 2012, je ne redescends pas par la route, mais pas les sentiers et routes forestières. Épuisé de ma journée, je me rends à la gare de train de Martigny, au lieu de me taper plus de 30km de plus de Martigny vers l'hôtel et 500m de dénivelé positif.



Arrivé à l'hôtel, douche, repos et souper. 

Total de la journée, 33km de bonheur pour voir le massif du Mont Blanc, Émosson de loin, et monter à nouveau le col de la Forclaz.