20 juillet 2018

Dans les hauteurs du glacier d'Aletsch

Ce soir, j'essaie de reprendre mon retard. Il y a de violents orages sur Genève, donc après mon souper, j'ai le temps d'écrire. Voici donc ma visite dans les hauteurs du glacier d'Aletsch.

Comme il annonce de bonnes averses dans les hauteurs de Zermatt aujourd'hui, plan B. Je vais aller rouler du côté du glacier d'Aletsch. Le glacier d'Aletsch a une longueur de 23km et est composé de plus de 11 milliards de tonnes et des couches de glace dont l'épaisseur peut atteindre 900 mètres. Il y a un sentier pour vélo de montagne recommandé. En réalité, il y a un sentier de randonnée pour lequel il est permis de rouler en vélo. 

Je pars donc ce matin avec mon petit bonheur, mon sac à dos et ma veste de pluie. Il faut près de 2hr pour rejoindre Bettmeralp en train et téléphérique. 


Après, il faut monter en vélo à la station de télécabine plus haut pour ensuite rejoindre Bettmerhorn à 2872m. J'y arrive à 12h pile au sommet. J'en profite donc pour luncher avec un repas chaud à l'intérieur, puisqu'il fait très froid à cette hauteur. 

Je suis maintenant près pour aller rouler. Erik, à Verbier, m'avait prévenu des passages difficiles dans les éboulements. Il faut faire du hiking-bike à deux endroits. 

Arrivé au point d'observation 360, il y a une pancarte assez claire, sentier fermé. Oups, ça ce n'était pas au programme, pas plus que c'était indiqué aux stations de téléphérique et télécabine. 



Bon, que fais-je? Je peux redescendre en télécabine et rouler à partir de Bettmeralp à 1982m. En montant dans la télécabine, j'ai vu plusieurs sentiers qui semblaient roulants. Mais je peux aussi prendre le sentier de randonnée qui se rend à Riederalp à  1905m par la crête. Il s'agit d'une très longue descente dans un sentier très abrupte, à travers d'énormes pierres, qui ne laisse aucunement la change de rouler sur le vélo. Donc il faudra faire du hiking-bike sur une bonne distance. La vitesse de descente ne sera même pas plus de 3km/h. Je dois descendre avec un vélo de montagne, avec un sac à dos de 6kg et un cadenas Abus indestructible installer sur mon vélo qui pèse à lui seul 2kg. J'ai traîné mon cadenas au cas que je devais barrer mon vélo. Surcharge inutile. 

Toujours est-il que descendre un sentier de randonneur en haute montagne avec un vélo de montagne, une surcharge supplémentaire et surtout des souliers avec des cales en stainless qui rendent les surfaces rocheuses aussi glissantes que de la glace, c'est un peu risqué de glisser, de se blesser ou de perdre le pied. La descente devient beaucoup plus périlleuse à certains endroits, et le vélo ne veut pas toujours suivre même si l'on pousse dessus ou l'on tire après. 
















Une fois rendu à 2290m, je peux remonter sur mon vélo après avoir descendu 582m en hiking-bike. Normalement, le vélo est porté sur les épaules, mais avec mon mal de dos et surtout avec des cales sous les souliers, je ne voulais pas me casser le dos sur une mauvaise chute. 

Dès ce point, plusieurs sentiers étaient fermés, surtout ceux qui descendaient directement au glacier. Principale cause, éboulements. L'hiver a été dur en Suisse, résultant de plusieurs fermetures temporaires de sentiers. 



Ça devient roulant, mais ça remonte aussi vers Moosfluh à 2334m. Jusqu'à Hohfluh, il n'y aura qu'un seul sentier d'ouvert pour la randonnée, donc le seul sentier que je peux suivre. Je ne peux que l'emprunter, ou remonter tout ce que je viens de descendre, option non retenue, 





À partir de ce point, descente vers Riederfurka à 2065m. Un peu avant ce point, je peux déjà voir la Villa Cassel, visité en 2012 en randonnée. Après direction Riederalp (1925m). Avant de descendre, tout le ciel commence déjà à grisonner, et même noircir à l'horizon vers Zermatt, Aletschhorn, et Ofenhorn, soit au sud-ouest, au nord, et à l'est. Il n'y a que Brig à 684m qui est encore sous le soleil. Je prends donc un sentier qui descendra dans la vallée. J'ignore l'état du sentier, mais je dois descendre, sinon, je dois prendre le téléphérique qui descend à Mörel. À cette hauteur, il n'y a pas de routes, et du coup, pas de voitures. La route pour descendre commence à Ried-Mörel à 1390m. 




Ma descente commence donc à Riederalp par un chemin de montagne sur un kilomètre pour devenir un sentier. Au pif, je crois que c'est un ancien sentier de muletier, qui servait certainement autrefois pour monter à Riederalp. À certains endroits, il y a du pavé en grosses pierres bien aligné, et ce n'est pas l'oeuvre de dame nature. Ça reste quand même très pentu, entre 15 et 32% de pente. À deux endroits, je dois marcher à côté de mon vélo. Personne ne sait où je suis exactement, alors il ne faut pas se blesser. 





Arrivé à Ried-Mörel, des gouttelettes de pluies commencent à tomber, rien de menaçant, mais avec le ciel gris foncé, ça pourrait devenir un problème en sentier. Au lieu de poursuivre dans le sentier vers Mörel, je prends la route vers Brig. Ce sera beaucoup plus roulant pour échapper à l'orage. Dès Ried-Mörel, je suis frappé par un différentiel de chaleur. Il faisait quelques 10C au sommet de Bettmerhorn, 25C dans les hauteurs de Riederalp, et maintenant, un 32C avec humidité. C'est chaud, même suffocant. Je n'ai plus d'eau et il me reste 4km pour rejoindre Brig. À partir de Bitsch (795m), j'emprunte la piste cyclable de la vallée du Rhône pour éviter le trafic. J'arrive à destination et le train en gare pour Zermatt quitte sous mes yeux. J'ignorais l'horaire. Le prochain est dans 24min. Puisque je suis à Brig, je décide de brûler le temps en allant rapidement au pied du château de Brig un peu plus haut dans le vieux Brig. Retour juste à temps pour le train vers Zermatt.



Le retour à Zermatt en train se fait en 1h20. Je démonte immédiatement mon vélo une fois à l'hôtel pour être prêt pour mon départ tôt demain matin vers Genève. Je prendrais mon 5e souper au restaurant de l'hôtel et Bernard viendra me faire la jasette de ma journée. C'est cher partout à Zermatt tant pour luncher que souper, alors j'aime mieux tranquillement à l'hôtel que de chercher et tourner en rond pour changer de menu. De toute façon, le menu au Spycher, restaurant de l'hôtel est excellent et très varié. Il y a même une soupe au foin, et oui, comme pour les vaches. À quelques 23CHF, ça doit être excellent, meuuh, je n'ai pas essayé. 

Aujourd'hui marque la fin de mon périple en vélo de montagne en Suisse. J'ai eu beaucoup de plaisirs à rouler à Verbier et Zermatt. J'avais prévu à mon horaire d'aller du côté de Crans-Montana, mais il fallait compter 3hrs que pour l'allée, donc j'ai remplacé par Chamonix. À partir de Zermatt, en cas de pluie, j'avais prévu le glacier d'Aletsch, et ce fût roulé. En somme, j'ai roulé tout ce que j'avais prévu. J'ai ajouté quelques cols à ma liste comme La Forclaz, Gentianes, Tronc, Lein, Grand Saint-Bernard pour ne nommer que ceux-ci. Jamais je n'ai roulé pour des records de dénivelés, de distances ou de vitesses, mais vraiment juste pour le plaisir de faire du vélo de montagne à la montagne, pour voir du paysage, et non pas juste de la bouse de vaches. 

À refaire. Pour les intéressé(e)s, je pourrais toujours servir de guide une prochaine fois. Demain, repos sur Genève. Je vais faire un peu de visites, du shopping et flâner. S'il pleut, je vais essayer d'aller visiter le musée de Patek Philippe. Pas que c'est le fabriquant de montre le plus prestigieux, mais parce que c'est le seul manufacturier à Genève qui a un musée ouvert au public, moyennant un prix d'admission.